Pier
Mayer Dantec se produisait vendredi dernier au théâtre
de Lannion avec «Céline,
Voyage au long de la Mort, à crédit»
: une épopée de la misère, de la
terreur et de leffroi. Une demi-heure de rappel,
un succès transcendant.
Vrombissement
du public avant lentrée en scène
du comédien Pier Mayer Dantec. On est
venu pour Céline certes mais surtout pour voir
ce qui en est de lauteur «maudit»
en ce XXe siècle.
Pourquoi lui donner encore la parole ? Pier Mayer Dantec,
rencontré en coulisse, susurre : « Par
un cousinage bien trempé, une fraternité
au fer rouge. Parce que jaime et que jai
besoin, tout simplement de sa musique crépitante,
de sa rage abominante, de sa mauvaise foi gourmande,
de ses râleries outrageuses, de ses fanatiques
outrances, de son humour au scalpel fin, de son délire
féerique, de son chaos joueur, de sa tendresse
à vous asseoir, lui quon a si maudit, lui
qui sest si maudit lui-même, se jetant dans
la gueule du monde en climat de folie franche ; de sa
compassion douce aussi, discrète en patte de
moineau, aussitôt tronquée par une colère
ensommeillée, tapie contre cette impossible vie,
bref dune sauvagerie déliée, dune
humanité pas truquée. »
Ce sont toutes ces émotions, ce chamboulement
que le comédien va expectorer, moduler, hurler
et murmurer pendant 1h30.
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Mise
en scène intelligente, inventive, jeu aux vastes
harmoniques, Pier Mayer Dantec pulvérise les
nerfs et le public retient son souffle, oublie dexister
pour que lalchimie saccomplisse. Il y a
fusion des deux personnalités. Et du public.
A la sortie, un spectateur sest exclamé
: «Un instant de vie, de poésie, de
bonheur ».
Labouré démotions, une étrange
lumière sur la face, on sextrait à
grand peine de la salle de spectacle. Pier Mayer Dantec
est un diable d'homme, il vous laisse une emprise qui
colle à la peau de l'âme !
Maia
Alonso

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