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Les personnages
- Bruno,
entre trente et quarante ans, grand, traits marqués,
pommettes saillantes
- Gwenn,
la quarantaine, grand, fin, délicat, lumineux mais
dévasté
- La
femme, belle, fine et hors d'âge, mais ravagée
d'une tristesse sourde
- Une
vieille femme
- L'acteur,
ressemblera à Gwenn (qui pourra jouer les deux rôles)
- Le
photographe
- Un
homme en kimono
- Un
petit garçon
- Un
bûcheron
- Une
voix
- Deuxième
voix
- Un
groupe de marchands
- Des
corbeaux, pour leur gouaille et leur aplomb, et leur belle
ombre prophétique
- Des
perruches
- Des
chiens (sculpturaux ou empaillés, ou bien dressés
à l'exercice hiératique)
ACTE I
Scène
quasiment vide. Juste un décor de fond. Tentures.
Dans un coin, une table de bar, une chaise. Un tableau noir
de cabaret, dans le style Art Nouveau.
Bruno est accroupi, dans le coin opposé à la
table, poignets flottants, mains dans le vide, bras sur les
genoux.
Gwenn arpente la scène en se livrant à une chorégraphie
solitaire. Tout d'un coup il s'arrête, aérien,
semblant regarder dans le lointain.
SCENE I
GWENN
Bruno
?
Bruno tourne la tête vers Gwenn sans répondre.
Tu
crois qu'elle va venir ?
BRUNO,
se prend la tête entre les mains.
Tais-toi
! Pense plutôt à ton alchimie. Tu joues dans
moins d'une heure maintenant.
GWENN
Elle
viendra. (Il fait des mouvements de doigts devant son visage)
Il y a quelque chose qui brûle en elle
BRUNO,
un peu agacé
Qu'est-ce
que tu espères encore ? Qu'elle vienne et te tombe
en bouche, comme un fruit délicatement mûr ?!
Six mois après !
Si elle vient (il a mouvement
sec du menton) : jette-la dehors !
GWENN,
se remet à danser, s'arrête.
Un
fruit ? Sa peau comme un volcan, sa voix grimpant au ciel
BRUNO
fait le geste de se casser les poignets. Sèchement.
Le
fruit de ta nostalgie, mûri à tes dépens.
Rien d'autre. Donne de l'air ! Elle sait ce quelle a fait.
GWENN
Je
veux lui apprendre autre chose. Il faut qu'elle
voie.
BRUNO
Si
tu ne la mets pas dehors, je me dévouerai pour le faire.
Et puis que veux-tu qu'elle voie ? Tu vas jouer seul. Toi,
ta voix, ton corps refait comme un poème et qui s'élève
dans la nuit, et cette vie qui commence à poindre.
Et tu donneras tout encore, pour cette éclosion mirifique,
jusqu'à l'épuisement final. Tu donnes ta moelle
pour jouer, pour agir ta vie sur la scène. Et elle
! Elle sera là, planquée dans sa peau. Dans
son abri. Rien qui dépasse. Elle se taira. Elle fera
comme d'habitude. Elle te regardera un moment - puis elle
scrutera les visages des spectateurs à la volée.
Pour trouver à penser ailleurs
te trahir autrement
encore
GWENN
Je
n'aurais pas dû te confier ça. Elle l'a fait
une seule fois.
BRUNO
Et
d'autres choses du même tonneau. Tu me l'as assez raconté.
Putain d'enfer, Gwenn ! Regarde-toi ! Ecoute-toi ! Sors de
ton brouillard ! Tu es un acteur. Un poète. Un musicien.
Jusqu'au noyau de ta dernière fibre. Le reste alors
tu le laisses partir ! Dériver lentement loin de toi.
Car c'est ce qui te mène en tombe.
GWENN
Mais
elle m'a accompagné. Et aussi elle m'a
inspiré.
BRUNO,
esquissant un sourire.
Encore
le règne de la Muse.
GWENN,
le dévisageant, la malice perlant à l'il.
La
muse à règne ?
Ils éclatent de rire ensemble.
GWENN,
se radoucissant.
Je
sais. Elles me rongent, toutes, ma vie. Ces heures passées
à s'enflammer
Ces lettres-fleuves sans réponse
Moi emballé en cheval fou
Au début, son
sourire ailé. Moi, qui décollais à son
il
Le grand torrent qui me ravine, et me ravive
et me ravit. Mes alluvions noires emportées, tout le
vieux mal qui s'évapore
BRUNO,
irrité.
et te revient plus vif encore, grossi de sa toute dernière
frasque. Et le fracas dans ta poitrine, cet écrasement
du plexus, ce remue-ménage incessant
GWENN,
gagné par la colère naissante.
Ces
nuées de corbeaux dans le crâne, qui te ramènent
les souvenirs. Ces images qui te picorent. Ce cinéma
de perdition. Tout le passé qui s'enjolive. Et toi
là-dedans, pauvre galet, roulé par les cataractes
vers l'embouchure du néant (Il a un regard de clown
triste).
BRUNO
Ah
! La gueule des amours trahies !
GWENN,
vivement, voix bien timbrée.
Et
Aragon qui racole, sur les trottoirs du beau Paris, sans monter
avec ses clientes. Offrant au monde le grand secret, comme
s'il avait la clef du ciel. C'est belle Elsa qui le baisa.
Poète
défroqué !
BRUNO
Oh,
moi tu sais, les grandes figures... Mais enfin, à quoi
tu fais allusion ?
GWENN
Elsa,
tu connais ? Triolet, sa belle muse pour faire mumuse ? Et
lui qui parade, paon dénigrant ses plus belles plumes
: (gueule de travers, moqueur) " La femme est
l'avenir de l'homme. " Carte blanche à toutes
les croqueuses
Abus garantis.
Bruno se lève et va vers Gwenn.
Ils se mettent à danser ensemble. Sérieux d'abord
et puis joueurs. Des mimiques, de la drôlerie. La valse
alterne les moments de douceur étrange et de tournoiement
empli de clins d'il. La musique s'arrête tout-à-coup.
Ils restent un moment dans les bras l'un de l'autre, immobiles
et nobles. Puis ils se séparent nettement et s'écartent
l'un de l'autre à reculons en se regardant dans les
yeux. Quand ils sont arrivés au mur, ils se figent.
Puis ils s'adossent à la cloison et se laissent glisser
au sol. Durant tout ce temps, ils se dévisagent, sans
expression particulière. Leur tête s'incline
peu à peu, ils sombrent dans la somnolence. Noir. Tout
le décor disparaît, laissant la scène
nue et rase.
SCENE II
Au
cours de la scène, ils vont s'éveiller doucement,
mais comme au sortir d'un rêve. Pas de retour mécanique
à la vie. Ils vont échanger des mots, qui ébaucheront
une histoire. L'échange peut être enrichi de
gestes mimés qu'ils s'adressent. Plus tard au cours
de la scène, ils se lèveront pour incarner les
personnages qu'ils esquissent avec cette histoire.
GWENN
les yeux clos, en un murmure.
Il fait un geste ample de la main, qui ondule vers le lointain.
Un
chemin.
BRUNO,
prenant son inspiration, bras arrondi autour de la tête.
Une
lune rousse.
GWENN
Une
chaumière.
BRUNO
L'aube
approche.
GWENN
Un
cheval
Un mont rougeoie dans le lointain. Un vieillard
adossé à son pied. Ses cheveux fous découpent
la nuit.
BRUNO
Une
charrette grince aux fantômes.
GWENN
Nuée
de corbeaux sur un chêne.
BRUNO,
qui s'anime.
Ils
piquent le ciel bleu nuit !
GWENN, d'une voix blanche.
Leur
énigme est souveraine. Ils picorent dans les esprits.
BRUNO
Bientôt
ils verront la chaumière
GWENN
Le
destin couve sous leurs cris.
BRUNO
La
crête du mont est fière.
GWENN
La
lune se fait cartomancienne. L'aube verse un seau de lumière.
Le cheval
voit les infinis.
Ils font silence un moment.
BRUNO
Sur
le long chemin qui file, un gamin inaugure le jour.
GWENN,
tendant les bras devant lui, yeux clos.
Son
cur semé d'épines fines, il s'en va boire
au puits d'amour.
BRUNO
Le
puits d'amour est véritable. Mais la corde crisse dans
la poulie.
GWENN
Viennent
les moissons de l'âme en gerbes douces sur l'enfant
!
BRUNO,
plus fort, entre souhait et ordre.
Gens
d'âme remplacent les gens d'armes, s'éteignent
les mauvais vents !
GWENN
Le
soleil roux perce les sphères, le vieillard chante
de l'il. Il respire les atmosphères puis s'en
va
BRUNO
affolé, pris d'une vision mauvaise.
vers son cercueil. Car un homme s'en vient vers lui, et qui
ressemble à tous les hommes. C'est un journalier agricole,
son épaule porte un outil. Un outil ? Une arme, peut-être,
un fusil ?
GWENN,
prophétique, lentement, d'une voix blanche et fruitée
Le
danger ne vient pas de lui. C'est un homme dont la vie sommeille.
Il perd sa sève dans les champs. Mais il est entier,
simple et dru. Il est égal sous le soleil.
Il parvient jusqu'à l'enfant, qui le regarde comme
un père. Il pose sa main sur son épaule, presse
le petit contre lui, puis s'accroupit à sa hauteur,
et lui désigne la crête des monts. Puis il se
lève et disparaît.
BRUNO
Et
l'enfant reste seul, avec son sourire pour parole.
GWENN,
acquiesçant.
La
vraie parole vient en énigme, ou en silence et en secret.
Main d'un homme sur une épaule, coup de griffe du cauchemar,
clin d'il d'un vendangeur à l'autre, sourire
d'un vieillard que l'on croise, papillon se posant sur vous.
Parole de silence, parole de regard, parole d'univers : nappées
de mystère.
BRUNO,
onirique.
J'étais
dans les blés l'autre jour. Les épis me parlaient
du monde
Ils se taisent et leurs mains ondulent tous deux. On entend
le chant des criquets.
BRUNO,
s'éveillant brusquement de son rêve, avec inquiétude
croissante
Cet
homme qui se rend aux champs
Il
Quelqu'un approche
dans son dos. (Il se lève et tourne la tête.)
Il porte une pioche à l'épaule. C'est par lui
que vient
GWENN,
décisif comme un chef indien
Non. (Il se relève tout doucement.) Ce n'est
pas lui qu'Elle envoie.
A partir de maintenant, les acteurs vont incarner les personnages
de leurs visions. Bruno commence à marcher sur place,
tournant progressivement le dos à Gwenn, qu'il devine
plus qu'il ne le voit. Gwenn se met également en marche,
arrache du sol une pioche (qu'il suggère en mime),
et la porte sur l'épaule. La scène est criblée
de lumière laiteuse.
Bruno marche en pressant le pas, toujours sur place, pris
d'anxiété. Il tourne vaguement la tête
sans oser se retourner. Gwenn l'a rattrapé à
grandes enjambées souples, il pose une main sur son
épaule et de l'autre tient toujours sa pioche.
GWENN
Homme,
le jour vienne sur toi ! Connais-tu la Maison des Larmes Perdues
?
BRUNO,
se souvenant de leurs visions
Il
y a une chaumière par là-bas. Mais je n'en sais
pas le chemin. Est-ce vous qui l'appelez ainsi ?
GWENN
As-tu
vu non loin
un petit garçon, les bras ballants
et le cur lourd ?
BRUNO,
encore troublé
Un
enfant
Une lune de feu roussi
Je ne vois plus.
Un puits peut-être
Qu'y avait-il dans la chaumière
? (Songeur, en aparté :) Je n'ai pas pensé
y aller voir.
GWENN,
il pose sa pioche
On
dit qu'une vieille femme y vit seule, entourée de chiens
et d'oiseaux. Le Temps l'effleure de ses ailes, elle ne se
rend pas à lui.
BRUNO
ébahi
Elle
ne vieillit pas ?
GWENN
Elle
ne vieillit pas. Mais
elle ne
grandit pas
(il porte une main sur le foie, l'autre sur le cur)
là. Elle tient un secret en elle, elle a avalé
sa parole, cela fait quarante ans déjà. Elle
est restée magnifique, mais sa beauté même
est cruelle
BRUNO
Trahison,
et puis mutisme
GWENN
Tu
sembles savoir bien des choses !
BRUNO
J'ai
observé ce qui arrive, le jeu des hommes et leur folie.
Et je me suis pris comme modèle, après toutes
mes hérésies. Ainsi j'ai pu apprendre un peu.
Et il m'arrive aussi
de voir. Mais
cette femme,
que savez-vous d'elle encore ?
GWENN
Si
c'est celle que je recherche, son histoire cache un puits
affreux. (Il incline la tête, ses yeux se perdent
en songe triste, puis il hoche la tête et se tait. Il
quitte Bruno et s'en va à l'autre bout de la scène,
où il se tient debout muet, puis son visage blêmit,
s'agite, et les hoquets qui le secouent descendent jusqu'à
ses épaules. Le noir se fait doucement sur lui. On
voit Bruno s'en approcher, le violet nappe toute la scène,
puis le noir total lui succède. On perçoit des
sons de plainte, comme émanant d'un cauchemar. C'est
Gwenn qui module sa douleur. On entend aussi d'autres sons,
vagues phonèmes adoucissants, bribes de phrases réconfortantes,
tout cela dans le noir complet.)
SCENE III
La lumière revient sur scène en la balayant
doucement. Bruno est étendu au sol, une couverture
sur lui. Gwenn regarde droit devant lui, le regard fixe et
rougi, impénétrable et absent. Il se tourne
vers le dormeur, lui adresse un sourire profond, puis relève
la tête vers le public.
GWENN
C'est
beau un homme qui dort, par le silence qui le berce, l'éternité
qui l'enveloppe, et par le réveil qui le tente, par
l'aube fraîche qu'il convoque pour revenir parmi les
hommes. C'est beau et ça ne coûte rien. Ô
sommeil porteur de paix, que ne visites-tu toutes les âmes,
toi le faux frère de la mort ?! Tu t'es arraché
à moi, me baignant de jour laiteux, cette lumière
du cauchemar. Norvège dans mon cur glacé,
banquise des espoirs gelés, brûlure des souvenirs
irradiés
Il marche vers le centre de la scène, sous une lumière
violacée, qui devra faire jouer les plis de la cape
qu'il balance. Puis il s'arrête soudain, et lève
la tête vers le ciel.
Dieu des vivants qui croient en toi, je te prie moi d'apparaître.
C'est l'urgence sous chaque toit, l'aveuglement sous les fenêtres.
Tes créatures s'abandonnent, renient le corps, bafouent
l'esprit.
La tyrannie de leur confort vient étouffer les meilleurs
cris. (Il s'arrête tout d'un coup, fait un demi-tour
sur lui-même, et reprend, sur un autre ton, persifleur,
incisif, mais à véhémence contenue).
Dieu le chien, dieu la carne, dieu malin qui nous incarne,
Déserteur impénitent de la conscience et de
la vie,
Infâme dieu dégoûtant qui ne nourrit plus
notre envie,
Que fais-tu de ta Toute-Puissance, toi grand lâcheur
des esprits ?
Es-tu maître de ce grand monde, ou pauvre laquais rabougri
Qui ronfle dans son coin de ciel, fermant les yeux sur l'infamie
?
Et où sont ceux qui te questionnent ? Qu'ils délaissent
là leurs surplis
Tous ces petits papes misère qui lèchent leur
ego transi :
Que ne vivent-ils en tanière, cédant leur palais
à la vie,
Au théâtre des atmosphères à la
mouvante chorégraphie !
Tant de siècles qu'ils te mitonnent, à leur
sauce de scélérats !
Faudra-t-il donc qu'on les bastonne, sous leurs costumes d'apparat
?
Petit chef des ciels délavés, daigneras-tu bien
me répondre,
Dieu larve molle dépravée, et si j'ai tort,
moi, me confondre ?!
Je t'appelle maintenant, avant que d'aller te vendre
Au cimetière de mes pensées, sous la terre des
pourritures.
Reviens vers nous en Dieu sensé, fais éclater
tes engelures
Car ma patience s'exaspère, moi et mes frères
sur la Terre,
Et tous ceux qui t'ont tant cherché, et voulu voir
sous le mystère
Et la justesse et la beauté, du cou lacustre de la
femme
A la danse rieuse du dauphin, à tout ce qui enchante
l'âme.
Allez, descends vers nous enfin, et souffle sur ta créature
Ou j'irai jouer du surin, sur ta face comme une ordure.
Viens donc le chien faire le beau, montre-nous donc tes qualités
Fais sentir ton coup de sabot, réveille nos affinités
Ou disparais dans ton néant, avant que l'on ne t'en
arrache
Par nos hurlements de géants sous cette misère
qui crache !
Il
se retourne vers l'homme endormi, et revient vers lui.
Cet
homme étendu à mes pieds, qui le protège
du malheur,
De l'infortune et du trépas, de la maladie de misère
?
Toi tu viens juste nous épier, mais ta douce antique
chaleur,
Ta légende de bon papa, sont demeurées dessous
ta serre
Là-haut dans tes appartements, et tu t'y vautres, en
solitaire,
Nous laissant à l'égarement, jusqu'à
que nous mangions la terre.
Ô Solitude sur la Terre, raz-de-marée du désespoir,
Au mieux un simple phalanstère, puis la béance
du trou noir
A
ces mots, le dormeur s'éveille. Il semble excité
et curieux. Obscur, et nerveux, il bredouille quelques mots.
LE
DORMEUR
Au
dehors la lumière étouffe
C'est au dedans
qu'il faut creuser.
Gwenn
debout pose un genou à terre. Le dormeur semble se
souvenir. Il reprend :
Cette femme, en sa chaumière de pleurs, je l'ai visitée
en songe. Un sombre passé la ronge. Sa bouche voudrait
parler, mais la pauvre femme est trop seule. Son cur
est un volcan éteint. J'ai vu les chiens
A chaque
coin, gueule dans l'angle, lui tournant le dos. Tous étaient
comme des statues. Un cinquième sur la pierre de l'âtre,
avec sa commissure ouverte, comme un sourire de chenapan.
La femme erre entre quatre murs, mord ses poignets, casse
ses mains, nul ne vient lui faire visite. Les oiseaux volètent
libres, ils viennent sur sa frêle épaule, ou
sautillent dans ses cheveux
GWENN,
l'il au-delà, il paraît visionner la scène
Mais
elle ne les voit plus : elle les a trop vus.
Il se relève et se retourne, très lentement,
vers le public, puis ferme les yeux. D'une voix hallucinée.
Ils font des cercles devant ses yeux, ils font des boucles
et la convoquent
(D'un air décidé :)
Il faut que je me mette en chemin.
LE
DORMEUR inquiet
Sur
cette femme, racontez-moi !
GWENN
Il se lève et va vers la pioche, la ramasse et revient
vers le dormeur. Il la lui tend, énigmatique et serein
La
pioche. Je n'en aurai plus besoin. C'est par elle que venait
LE
DORMEUR, saisissant vaguement l'outil
Racontez-moi
!
GWENN,
se dirige vers les coulisses, et sort. On entend ses derniers
mots.
la Mort.
SCENE
IV
LE DORMEUR, demeuré seul.
C'est
toujours ainsi. Quelqu'un vient, vous éveille, et s'en
va. Dans quel état il vous laisse après ! Ah
! si l'on osait se retourner, chaque fois qu'on quitte vraiment
un proche ! Mais alors on ne partirait plus. C'est Gwenn et
sa nostalgie, qui finira par me gâter.
Il s'empare de la pioche et sort.
Rideau.
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